Le premier cas détaillé de STB a été rapporté en 1880 par le neurologue français Désiré-Magloire Bourneville. Il s’agit d’une maladie génétique caractérisée par le développement de tumeurs dans divers organes, et principalement la peau, le système nerveux central, les reins, les yeux, le cœur et les poumons.
L’évolution de la maladie peut varier d’un individu à l’autre, et selon l’âge de la personne. Ainsi, certaines personnes ne seront que très légèrement affectées, seulement par des problèmes de peau par exemple, tandis que d’autres devront faire face à des formes plus sévères de la maladie.
Qui est touché par la STB ?
La STB touche de manière identique les hommes et les femmes, quelque soit leur origine géographique.
La prévalence de la maladie (nombre de personnes atteintes dans une population à un moment donné) est aujourd’hui estimée à 1 sur 8 000.
Près d’un million de personnes seraient atteints dans le monde, et il y aurait plus de 8 000 malades en France, c’est-à-dire plus que pour la mucoviscidose et l’hémophilie.
Beaucoup de cas ne sont pas diagnostiqués, et ce pour deux raison principales : le manque de connaissance général sur la STB et la difficile détection des formes modérées qu’elle peut prendre.
8000
malades de la STB en France
1
bébé naît avec la STB toutes les 20 secondes dans le monde
1 000 000
malades de la STB dans le monde
Comment se transmet la STB ?
La STB a un mode de transmission autosomique dominant.
Le terme « autosomique » signifie que le gène en cause n’est pas situé sur l’un des chromosomes sexuels, mais sur l’un des 22 autres chromosomes, appelés « autosomes ».
Chaque personne possède deux exemplaires de chaque gène, l’un provenant du père, l’autre de la mère. Le terme « dominant » signifie qu’il suffit qu’un seul des deux exemplaires du gène soit porteur de la mutation pour que la maladie se manifeste.
Une personne malade a, à chaque conception, un risque sur deux de transmettre le gène muté à ses enfants.
Dans environ 30% des cas, la mutation à l’origine de la STB est héritée de l’un des deux parents, parfois sans qu’il se sache atteint.
Dans environ 70% des cas, la mutation est dite de novo, c’est-à-dire que la mutation est survenue accidentellement au moment de la formation de certaines cellules reproductrices de l’un ou l’autre des parents (ovules ou spermatozoïdes), sans qu’eux-mêmes soient porteurs du gène défectueux.
Quels sont les gènes responsables de la STB ?
La STB résulte d’anomalies, de mutations, sur l’un ou l’autre des deux gènes suivants :
tuberous sclerosis 1 (TSC1), localisé sur le chromosome 9 et contrôlant la production de la protéine hamartine ;
tuberous sclerosis 2 (TSC2), localisé sur le chromosome 16 et contrôlant la production de la protéine tubérine.
Pourquoi tant d’organes peuvent être affectés par la STB ?
Les gènes TSC1 et TSC2 ont normalement pour rôle d’empêcher l’apparition de tumeurs, en inhibant la protéine mTOR (mamalian target of rapamycin, c’est-à-dire cible de la rapamycine chez les mammifères).
L’hamartine, la tubérine et la mTOR sont présentes dans de très nombreux organes ; c’est pour cela que dans le cas d’une personne atteinte de STB, des tumeurs peuvent se développer à de multiples endroits.
Les tumeurs sont-elles cancéreuses ?
Chez les personnes atteintes de STB, la croissance de tumeurs n’est pas aussi dérégulée que dans le cas d’un cancer. Ce sont des tumeurs bénignes, mais elles peuvent tout de même entraîner de sérieuses complications suivant là où elles se développent.
Comment la STB évolue-t-elle dans le temps ?
L’évolution de la maladie est extrêmement variable d’une personne à l’autre, y compris au sein d’une même famille. L’atteinte de chaque organe est indépendante.
On peut globalement distinguer deux types de situation. La première est celle des enfants dont la STB a été diagnostiquée dans leur première année du fait de spasmes infantiles ; ceux-ci risquent de développer une déficience intellectuelle potentielle sévère et des troubles du spectre autistique. La seconde concerne les enfants ou adultes chez qui le diagnostic a été posé plus tardivement, en général avec une épilepsie partielle, ou bien une atteinte cutanée ou rénale ; ces personnes se développent mieux sur le plan intellectuel mais risquent de souffrir de troubles de l’apprentissage et de l’attention.
Quelle est l’espérance de vie d’une personne atteinte de la STB ?
La plupart des personnes atteintes ont une durée de vie normale. Des complications peuvent survenir dans certains organes (le cerveau et les reins en particulier), entraînant parfois d’importantes difficultés. Celles-ci peuvent s’avérer mortelles si elles ne sont pas traitées. Ainsi, dans certains cas, une greffe de poumon ou de rein est nécessaire.
Une prise en charge spécifique tout au long de la vie est donc indispensable pour éviter de telles complications.
Peut-on guérir de la STB ?
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement permettant de guérir de la STB. Cependant, chaque manifestation peut être traitée séparément de manière efficace si tant est qu’un suivi approprié est mis en place.
Les différents traitements envisageables sont abordés dans la rubrique Soigner la maladie.
Les Manifestations de la STB
Les manifestations possibles de la STB sont multiples, et cette longue liste peut paraître inquiétante ; il est toutefois important de rappeler que les degrés d’atteinte sont très divers d’un individu à l’autre et qu’aucun malade ne développe toutes ces manifestations, qui plus est simultanément.
Les Manifestations
Les atteintes cutanées sont les plus fréquentes, elles touchent plus de 95% des personnes ayant la STB. Elles peuvent prendre plusieurs formes :
forme légère
forme sévère
"en confettis"
- les angiofibromes ou adénomes de Pringle sont de petits boutons arrondis, de couleur rose à rouge, situés sur les joues, les ailes du nez et parfois le menton. Ils apparaissent après l’âge de deux ans et s’accentuent au moment de l’adolescence ;
- la plaque fibreuse du front est une lésion rouge-brunâtre qui peut être présente à la naissance ;
- les macules hypopigmentées sont des taches blanches en forme de « feuille de sorbier » ou de « confetti » qui apparaissent souvent précocement. Elles sont mieux visibles à la lumière ultraviolette (lampe de Wood). Elles ne sont pas spécifiques de la STB, mais sont un critère de diagnostic lorsque leur nombre est supérieur à 3.
- les plaques « peau de chagrin » sont des régions de peau un peu épaissies, bosselées et décolorées, situées souvent dans le bas du dos. Elles apparaissent généralement dans les dix premières années de la vie.
- les fibro-kératomes unguéaux ou tumeurs de Kœnen sont des petites excroissances, de la taille d’un grain de blé, apparaissant autour des ongles. Ils apparaissent à l’adolescence ou à l’âge adulte.
- les molluscum pendulum sont de petites excroissances de chair. Elles ne sont pas spécifiques de la STB, mais elles peuvent survenir en grand nombre à l’arrière du cou et des épaules chez les personnes atteintes.
Touchant plus de 90% des personnes ayant la STB, les manifestations neurologiques sont très variables d’un individu à l’autre. La grande majorité des personnes atteintes développent l’une de ces anormalités :
- les tubers corticaux, présents dès la naissance et qui ne grossissent pas. Ces tubers, nombreux et de tailles diverses, peuvent générer des crises d’épilepsie ;
- les nodules sous-épendymaires (NSE), de petites accumulations de cellules localisées sur les parois des ventricules cérébraux ;
- Dans de rares cas, ces nodules peuvent croître et devenir des astrocytomes sous-épendymaires à cellules géantes (SEGA), qui se développent généralement pendant l’enfance et l’adolescence. Bien que ces tumeurs soient bénignes, elles peuvent provoquer une hypertension intracrânienne qu’il faut alors traiter.
L’épilepsie est une des caractéristiques les plus partagées chez les personnes atteintes de la STB. On estime que plus de 80% d’entre elles seront touchées par l’épilepsie à un moment dans leur vie.
Les crises d’épilepsie sont des manifestations neurologiques liées à la décharge électrique des neurones au niveau de lésions cérébrales (tubers corticaux).
Le plus souvent, cette atteinte se manifeste de façon très précoce, avant l’âge de trois ans. On parle ainsi du spasme infantile, ou syndrome de West ; les crises se traduisent par des séries de contractions musculaires involontaires. La découverte du syndrome de West chez un nourrisson ou un jeune enfant doit systématiquement conduire à une recherche de la STB, même si ces spasmes peuvent intervenir dans d’autres pathologies. La survenue du syndrome de West s’accompagne souvent d’un ralentissement, voire d’un recul sur le plan du développement de l’enfant.
L’épilepsie peut également se manifester à l’âge adulte. Les crises peuvent alors prendre des formes très diverses.
Pour en savoir plus sur l’épilepsie :
- L’émission « C’est pas sorcier » a consacré un épisode à l’épilepsie.
- Lors de la Journée des Familles du 19 mars 2016, le docteur Ferrand-Sorbet et le docteur Fohlen ont consacré leur intervention à la prise en charge des atteintes neurologique de la STB, et de l’épilepsie en particulier.
- L’association Épilepsie France donne de nombreuses informations sur l’épilepsie sur son site Internet.
Très divers et encore sous-diagnostiqués, les troubles neuropsychiatriques associés à la STB (TAND) constituent pourtant la manifestation la plus difficile à gérer pour les personnes atteintes et leur famille. Il est donc important d’avoir conscience des différents aspects qu’ils peuvent prendre.
- 50 à 60% des malades souffrent d’un déficit intellectuel. Les enfants ayant présenté un syndrome de West sont plus exposés à un tel trouble, en particulier si les crises sont survenues de manière précoce. Ainsi, plus de 90% des malades ayant eu leur première crise avant l’âge de deux ans subissent un retentissement sur leurs fonctions cognitives ;
- Environ la moitié de personnes atteintes de STB, y compris celles d’intelligence normale, présentent des troubles de l’apprentissage (troubles de la mémoire, troubles visuo-spaciaux, troubles praxiques) ;
- Certaines personnes souffrent de troubles psychopathologiques : hyperactivité et déficit de l’attention (30-60% des cas), anxiété (15-40% des cas), dépression (15-20% des cas), troubles du sommeil (2 personnes sur 3) ;
- Des troubles du comportement (agressivité, colère…) peuvent également intervenir, en particulier chez les malades souffrant d’une déficience intellectuelle ;
- Dans 17 à 60% des cas, un trouble du spectre autistique peut se manifester : trouble des interactions sociales, trouble de la communication, intérêts restreints et comportements répétitifs (stéréotypies), et parfois intolérance aux changements et hypersensibilité sensorielle.
C’est une manifestation fréquente survenant surtout après l’âge de 10 ans et chez l’adulte. Elle peut prendre deux aspects :
- des tumeurs rénales bénignes (angiomyolipomes) ;
- des kystes rénaux, de plus petite taille.
Asymptomatiques et n’entraînant au début aucune gêne, ils peuvent cependant conduire à une insuffisance rénale et doivent donc être surveillés.
L’atteinte pulmonaire est plus rare et touche presque exclusivement la femme adulte.Elle prend essentiellement la forme de kystes aériens, sorte de « bulles », dans les poumons. On parle alors de lymphangioléiomyomatose (LAM), maladie qui survient de façon sporadique en dehors de la STB.
Cela peut entraîner un essoufflement, parfois des pneumothorax. Un dépistage systématique est conseillé chez les jeunes femmes après 18 ans, avec un scanner. Par la suite, un nouveau scanner sera préconisé seulement si une LAM a été diagnostiquée ou en cas de symptômes respiratoires.
Une LAM peut rester stable et asymptomatique. Les cas d’insuffisance respiratoire dans la STB sont extrêmement rares.
Des recherches sont en cours pour mettre sur le marché un médicament capable d’enrayer la progression d’une LAM.
Il s’agit de tumeurs bénignes appelées « rhabdomyomes ».Chez 80% des fœtus ou nouveaux nés atteints de STB, on détecte un ou plusieurs rhabdomyomes cardiaques.
L’évolution de ces rhabdomyomes est généralement favorable, même s’ils présentent un aspect impressionnant par leur taille et leur volume.
Parfois, ils peuvent entraîner un mauvais fonctionnement cardiaque ou un trouble du rythme cardiaque, mais le plus souvent ils régressent spontanément chez le nourisson.